111. Contrescarpe, souvenir 5
Souvenirs de la place de la Contrescarpe
N° 111
Je n’ai pas tellement de souvenirs de la place de la Contrescarpe et ce sont presque tous des souvenirs de pots ou de repas pris avec des copains.
Les plus anciens seraient ceux qui sont liés à la Maison des étudiants tunisiens rue Blainville, n° 5, aujourd’hui cinéma (on y passe, depuis son ouverture, 2001, l’Odyssée de l’espace 1, que je suis allé voir un soir de l’été dernier au lieu de travailler sur Espèces d’espaces (avec l’alibi que ça pourrait toujours servir…)2 ; mais, précisément à cette époque où j’allais souvent rue Blainville, voir Zghal, ou Nour, ou Amor Fezzani (alors avec Paulette), nous fréquentions surtout des cafés du Panthéon (« Le Soufflot » ou « Le Bar du Panthéon » dont j’ai appris un peu plus tard qu’il était un QG faf (Le Pen était alors étudiant)3.
Un peu plus tard, le restaurant « Au Volcan »4 ; je me souviens y avoir mangé une glace, un après-midi, avec P[aulette], Lili et son amie bretonne (Guillou, mais quel est son prénom5 ?) à l’époque où nous aménagions la rue de Quatrefages.
Plus tard, le café « Les Arts » fréquenté par Michaud-Mailland avec qui je travaillais sur une adaptation des Choses. Il allait aussi aux « 5 Billards » où il avait toute une bande de copains (dont Mattéi, je crois, qui avait publié un texte chez Maspero), mais je n’y suis guère allé6.
Plus tard, ou épisodiquement, le grand café (dont le nom m’échappe) et je ne me souviens plus avec qui ; de toute façon, jamais très régulièrement.
Un troisième, genre crêperie, « Le Totem », ou « Le Cland »7, non, « L’Irlandais » : je me souviens y avoir pris un pot un soir, après avoir été au « Théâtre de l’Épée de Bois » voir Dubillard et d’autres (Lucienne Hamon, Fresson) jouer une pièce anglaise et Les Crabes de Dubillard, avec Suzon, Fresson et sa femme d’alors (une scénariste qui, un peu plus tard, aurait voulu que je travaille avec elle sur un sujet fumeux)8. « L’Irlandais » est aujourd’hui, paraît-il, fréquenté par le copain de Lili, Alfred, et ses potes (dont Michel Didier, qui a repris l’appartement de l’avenue de Ségur).
Pub de la rue Mouffetard (à cet endroit elle ne s’appelle pas Mouffetard, mais plutôt Descartes) ; il s’appelle « Le Mayflower » : j’y suis allé un soir cet été avec P[aulette] et nous y avons rencontré mon voisin du dessus, fana d’Elvis Presley ; j’y suis retourné un soir avec Alfred, justement, au moment où Esther était en train de mourir ; et une troisième fois, tout récemment avec Pierre, Jacqueline et un ami à elle prénommé Jacques, après une conférence bidon sur Espèces d’espaces à l’Institut d’environnement9.
Quoi encore ? « Le Cheval d’Or »10, je n’en ai aucun souvenir ; P[aulette] y alla ; elle y avait une copine nommée, je crois, Bellec (aucun rapport, ni avec mon copain de collège, ni avec les Frères Jacques, ni avec la femme de François Marthouret11) ; « Le Cheval Vert » : on y mangea deux ou trois fois des blinis ; je crois que ces trois endroits ont disparu.
Le marché à la Mouffe. Changements intervenus à la Mouffe : de plus en plus de restaurants ou boutiques d’artisanat ; le marché se cantonne de plus en plus dans le bas de la rue.
Les gens que je connaissais qui habitaient dans le coin ont déménagé : Monique Martens (et Michel), Michèle Georges12.
1 Film de science-fiction de Stanley Kubrick sorti en France en 1968 ; Perec a tapé « 20001 ».
2 Dans son agenda-journal de 1974, Perec note qu’il va « revoir » ce film le 29 juillet.
3 Faf : terme familier pour désigner un militant d’extrême droite ; Jean-Marie Le Pen est étudiant à la faculté de droit de Paris, rue d’Assas, au début des années cinquante.
4 Partout ailleurs dans Lieux, Perec nomme ce restaurant « Le Volcan ».
5 Il s’agit d’Agnès Guillou (que Perec appelle Guilloi dans le texte 45), une amie d’Ela Bienenfeld qui avait travaillé avec elle dans le domaine de la publicité et des enquêtes d’opinion. Voir le texte 24, n. 6.
6 Voir le texte 24, n. 13.
7 Peut-être mis pour « Le Clan ».
8 Voir le texte 67, n. 3. Comme dans le graphe amical accompagnant le texte 107 et en quelques autres occurrences, Suzanne Lipinska est ici appelée « Suzon », ce qui est plutôt rare dans Lieux où elle est généralement désignée par l’initiale S. On peut faire le même constat s’agissant de Paulette Perec, le plus généralement désignée par l’initiale P et exceptionnellement par le prénom Paulette ou le diminutif Pau.
9 Perec note cette sortie avec Paulette et cette rencontre avec son voisin du dessus dans son agenda-journal de 1974 à la date du 12 août (FGP 43, 3, 129 v°) ; à la date du 12 novembre, veille de la mort d’Esther Bienenfeld, il note le pot pris avec Alfred (FGP 43, 3, 177 r°) ; à celle du 17 décembre, il note la conférence (qualifiée de « quasi nulle ») à l’Institut de l’environnement rue Érasme, puis le pot pris au « Mayflower » avec Jacqueline (probablement Jacqueline Ancelot, alors étudiante en architecture – voir le texte 67, n. 1), son ami Jacques et « Pierre G. », c’est-à-dire Pierre Getzler (FGP 43, 3, 196 r°). L’Institut de l’environnement, créé en 1969 sur le modèle du Bauhaus et de l’école d’Ulm, qui donnera naissance en 1985 à l’Institut français d’architecture, était un lieu de formation, d’enseignement et de recherche décloisonné, rassemblant des praticiens et des théoriciens de tous les arts et sciences de l’environnement, architecture, urbanisme, architecture d’intérieur, design, arts plastiques, etc.
10 Célèbre cabaret de la rue Descartes où débuta notamment Bobby Lapointe.
11 Pour l’ami de Perec et les Frères Jacques, voir le texte 51, n. 3 ; pour Anne Bellec, épouse de François Marthouret, voir la liste d’invités à la dépendaison de crémaillère de l’appartement de la rue du Bac (texte 26, n. 34).
12 Pour les deux premiers, voir le texte 11, n. 30 ; pour la dernière, voir de nouveau le texte 26, n. 34.