70. Junot, réel 3
À la place de l’avenue Junot qui m’emmerde1 (le 15 XII 71).
Dimanche
7 novembre 71
En sortant des ballets de Viola Farber, au « Théâtre de la Cité universitaire »2
1) |
Où j’étais allé à l’invitation de Maxine3 – espérant la voir – mais déçu dans cet espoir |
2) |
Où je rencontrai, par hasard, Sarah Maldoror4 (et ses enfants chahutant pendant la représentation) |
3) |
(Ballets que j’ai regardés sans ennui mais sans enthousiasme) |
Il était 15 h 45.
J’ai hésité sur un plan entre divers itinéraires
J’ai ensuite traversé le parc Montsouris,
pris l’avenue Reille (dont je croyais, à tort, que c’était elle qui arrivait au carrefour de la Tombe-Issoire6)
puis la rue d’Alésia
puis la rue du Général-Leclerc7
puis la rue Brézin
la rue Boulard
la rue Daguerre
l’avenue du Maine
la rue Raymond-Losserand
la rue Jules-Guesde
la rue de l’Ouest
la rue Guilleminot
la rue Crocé-Spinelli
avant d’arriver, vers 17 h chez J[acques] L[ederer], rue Vercingétorix, où je me suis rasé avant de rédiger ces quelques notes.
1 Déjà dans le premier « réel » de Junot (texte 23), Perec juge que c’est un « quartier con » dont les boutiques sont « moches » (cependant, un même jugement négatif est porté sur la rue de l’Assomption dans le texte 72).
2 Danseuse et chorégraphe américaine d’origine allemande ; elle et sa troupe se produisirent en octobre-novembre 1971 au « Théâtre de la Cité universitaire » dans le cadre du Festival international de Paris.
3 Maxine Groffsky, compagne de Harry Mathews avec qui Perec eut une courte liaison et qui séjournait alors en France. Rentrée aux États-Unis, elle y devint l’agent littéraire de Perec.
4 Cinéaste française d’origine guadeloupéenne ; le film dont il est question au paragraphe suivant et qui sortira en 1972 s’intitule Sambizanga C’était une familière du Moulin d’Andé.
6 L’avenue Reille débouche pourtant bien sur la rue de la Tombe-Issoire mais peut-être Perec songe-t-il plutôt au carrefour que la rue d’Alésia, à peu près parallèle à l’avenue Reille, forme également avec elle.
7 Il s’agit en fait d’une avenue.