68. Gaîté, réel 3
31 X 71
dimanche froid
18 h 10
Rue de la Gaîté
Venu à pied par les rues : Seine, Tournon, Vaugirard, Guynemer, Vavin, Delambre. Du monde dans les rues, du monde dans les cafés : chaleur humaine ; l’hiver déjà.
Au « Gaîté-Palace » on joue Marqué au fer rouge1, avec Chuck Connors.
Je résiste au désir de m’acheter un gros paquet de boules de gomme et autres ours en guimauve ou pseudo-pâtes de fruits.
« La Belle Po ». Café.
En face « La Cage à Pulls », son enseigne arc-en-ciel ; plus loin, « Bobino Pressing » : changement de propriétaire ; plus loin (invisible2) « Bobino » : Gilles Vigneault3.
Promeneurs endimanchés. Clients. Ennui. Groupes. Familles : mari, femme, bébé en poussette, petite sœur. Oisifs seuls, mains dans les poches.
« Le Gaîté »
18 h 35
Au « Splendid », Hercule et la reine de Lydie (pas de Cottafavi)4
Au « Théâtre Montparnasse » : C’était hier ! 5
À la « Gaîté-Montparnasse » : Zamfir6
Le petit tabac à côté du théâtre est fermé.
Ici, plus de lumières. Consultations des résultats des courses. Surtout des hommes seuls.
Deux muets à une table parlent par gestes.
Le patron recommande le spectacle de la « Gaîté » à un de ses amis : « C’est bien ! c’est de la musique roumaine… mais c’est bien ! »
Discussion sur les résultats du tiercé : on ne sait pas encore combien il rapporte. Le garçon l’a gagné. Un type lui a proposé de [le] lui racheter 80 000 balles. Il a réfléchi et a refusé.
Un café et une [boîte d’]allumettes : 1,30 F.
18 h 45
« Les Mousquetaires »
En face de la bouche de métro
Encore une autre ambiance de café : comment les différencier ? Ici, beaucoup plus grand.
Un homme dehors, debout, près de la station, lit le journal : résultat des courses, si j’y vois encore7 (ou leurs annonces).
Kiosque en bois jaune de France-Soir. Titre du Journal du Dimanche : « Dans trois jours, trois minutes pour aller de l’Opéra à l’Étoile grâce à Auber, la plus grande station de métro du monde. »
Gens, flippers
Peu de monde en fin de compte, mais bruit (hauteur du plafond ?). Billards au loin.
La rue Vercingétorix, noire.
« Aux Armes de Bretagne » : petites ampoules rouges.
À côté, « Singer » : flot de petite ampoules jaunâtres.
Des gens en bande.
Un homme seul, mangeant un bout de baguette.
Vieille dame, une baguette à la main.
Peu de voitures avenue du Maine.
Café infect (il n’y a qu’à « La Belle Po » qu’il méritait le nom de café).
Un homme en espadrilles jaunes, un journal plié à la main, va traverser l’avenue du Maine. Veste molletonnée noire.
Un autre : journal idem 8, mais manteau et chapeau.
Und so weiter 9…
1 Western de Bernard McEveety (1966).
2 Var. texte imprimé : « (invisible d’où je suis) ».
3 Poète et chanteur canadien.
4 Var. texte imprimé : « (ce n’est pas, comme je le croyais, un film de Cottafavi) ». Péplum de Pietro Francisci (1959) – et, donc, non de Vittorio Cottafavi, autre réalisateur italien célèbre pour ses péplums, notamment La Vengeance d’Hercule (1960) ou Hercule à la conquête de l’Atlantide (1961).
5 Pièce de Harold Pinter créée en septembre 1971 au « Théâtre Montparnasse » dans une mise en scène de Jorge Lavelli.
6 Gheorghe Zamfir : musicien roumain.
7 Var. texte imprimé : « pour autant que je puisse voir ».
8 Var. texte imprimé : « il tient son journal de la même façon ».
9 Var. texte imprimé : « Et coetera ».