62. Saint-Honoré, réel 3
Lieux
Juillet 1971
La rue Saint-Honoré
Réel
le 31 juillet 1971
Vers 12 h
Venant de Lans-en-Vercors
en Morris de Lans à Saint-Geoirs1
en caravelle de Saint-Geoirs à Orly
en car d’Orly à Orly
en taxi d’Orly à Paris rue de Seine
à pied de la rue de Seine à la rue Saint-Honoré
(après avoir décrit le passage Choiseul, retard d’avril2)
Gigantesques travaux rue des Pyramides, entre l’avenue de l’Opéra et la rue Saint-Honoré
La rue est d’abord réduite à un étroit passage, puis totalement interdite (aux voitures)
Des grandes surfaces de plastique translucide sont tendues depuis les balcons des deuxièmes étages pour protéger les immeubles contre – je suppose – la boue projetée par les foreuses
Deux foreuses prétendent enfoncer dans le sous-sol des profilés de fer (ou de fonte ou d’acier ?) plus hauts que les immeubles alentour
Le tout est destiné à la construction d’un parking souterrain s’accompagnant de la déviation de divers réseaux et exécuté par Chantiers Modernes SA et par Devin-Lemarchand
12 h 40 à l’horloge de Saint-Roch
Je me suis assis au café-tabac en face, entre une boîte aux lettres et un tourniquet à cartes postales qui viennent tous deux de servir
Je bois une Suze3
En face à droite, kiosque à journaux très coloré par les couvertures de magazines
« Mireille Mathieu : l’amour la trahit une fois de plus »
À gauche en face (rue Saint-Roch) : la « Brasserie des Tuileries » est fermée
À gauche il semble y avoir un nouveau snack-bar, « La Crémaillère », là où il y avait avant un boulanger confiseur
Très beau son d’orgue émergeant de Saint-Roch
Un photographe sort en ouvrant les portes
Et un grand mariage
En blanc à traîne, lui en costume bleu clair (pétrole) avec trois garçons, et trois dames d’honneur (des petits enfants dont une petite fille ravissante)
et peu de monde
Cérémonie des photos
a |
les mariés et les enfants d’honneur |
b |
les mariés seuls (le photographe leur fait prendre la pose : ils se regardent tendrement4) |
c |
les mariés et les parents (?) (le père de l’une et la mère de l’autre ?)5 |
d |
toute la famille et la traîne déployée |
e |
les mariés et les témoins (?) |
(f |
les mariés dans l’automobile qui les emmène gueuletonner : photo prise au flash : les heureux épousés se penchent légèrement)6 |
Commentaires des cafetiers sortis pour la circonstance (deux femmes, un voisin et ami, un passant, etc.7) :
– Dans deux ou trois ans pffff !
– Encore un qui sera cocu demain soir…
– etc.
Un peu plus loin côté pair on ravale un immeuble tout entier masqué de grandes toiles bleues
Le mariage s’en va dans trois voitures immatriculation 95
13 heures sonnent au clocher de Saint-Roch, une fois
Des passants :
un glacier qui pousse son attirail (jusqu’aux Tuileries ?)
un car de flics
des gens
pas trop de voitures
une Noire magnifique
des Japonais
des Américains
trois ouvriers peintres (ou plâtriers8)
un camion Hauser (vins9) vient livrer
13 h 15
1 Perec vient de chez Harry Mathews qui possède une maison à Lans-en-Vercors (voir les textes 47, 48 et 56) ; il prend l’avion à l’aéroport de Grenoble-Saint-Geoirs.
2 Voir le texte 56. Tout ce préambule est absent de la prise de notes.
3 Ajout manuscrit dans la marge. Notation absente de la prise de notes. Dans le texte suivant, Perec note de nouveau : « Je bois de la Suze » (en liaison avec sa récente rupture définitive avec Suzanne Lipinska).
4 Parenthèse absente de la prise de notes.
5 Var. prise de notes : « Les m[ariés] + le père de l’un et la mère de l’autre (?) ».
6 Parenthèse absente de la prise de notes.
7 Parenthèse absente de la prise de notes. Un imaginaire (de compensation ?) semble avoir pris ici le pas sur le « réel ».
8 Parenthèse absente de la prise de notes.
9 Parenthèse absente de la prise de notes. Les vins Hauser furent très populaires une grande partie du xxe siècle, puis intégrés aux vins Nicolas.