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« Allées et venues rue de l’Assomption »

L’Arc, no 76 (« Georges Perec »), 1979, p. 28-34

1.– 4 juillet 1969, vers 4 heures de l’après-midi

J’ai pris un sandwich au camembert et un ballon de Côtes-du-Rhône au tabac de l’avenue Mozart. Puis je suis allé boire un café à la terrasse du café « Mozart 59 », au coin de l’avenue Mozart et de la rue de l’Assomption.

À l’emplacement de l’ancien cinéma « Le Caméra » il y a un chantier de construction.

En face du café, rue de l’Assomption, côté n° pairs, un magasin de chaussures qui fait actuellement des soldes.

De l’autre côté, en diagonale, la boulangerie « Jouen » ; elle n’a pas changé depuis l’époque, déjà ancienne, où elle se modernisa de fond en comble (j’en garde un très vague souvenir ; je confonds peut-être avec une autre boulangerie qui se trouve au coin de l’avenue Mozart et de la rue du Ranelagh).

De l’autre côté de l’avenue Mozart, le centre d’apprentissage de la R.A.T.P., toujours identique à lui-même.

Le café où je me trouve a été complètement transformé (modernisé) ; il est plus que vraisemblable que j’y sois allé une ou deux fois avec Michel Rigout, dans les années cinquante.

À côté du magasin de chaussures, un magasin d’optique. Au n° 56, un hôtel.

Pratiquement tous les commerçants de la rue sont concentrés entre la rue Davioud et l’avenue Mozart.

En descendant la rue (noté en marchant)

N° 54 : « Boucherie Thébault », que des commis lavent à grande eau. Il y a encore dans le corridor une boîte aux lettres au nom de Rigout (un camarade de l’école communale qui habitait là)
N° 52 : Petit immeuble (hôtel particulier) avec une cour à gravillons
N° 50 : Un magasin sans enseigne, à la devanture opaque. Il me semble que c’est un cabinet d’assurances ou une agence immobilière (avant, il y avait un marchand de bois et charbons (pas un bougnat : il ne faisait pas café)
N° 48 : Une pharmacie, qui fait le coin de la rue Davioud

De l’autre côté de la rue Davioud, un poissonnier-volailler-primeurs ; une pancarte grossièrement écrite annonce que LES POISSONS SONT AU FRIGIDAIRE. Les cerises sont à 4,50 F le kg : c’est cher.
Du côté impair, se succèdent : un teinturier, une boucherie chevaline, une droguerie, une alimentation générale (minuscule boutique), un tapissier ; le 31 est un groupe d’immeubles qui oblique vers la place Rodin (square Jean-Paul-Laurens, avenue Théodore-Rousseau).

N° 46 : Antiquaire : en devanture, des petits chevaux bleus chinois
N° 44 : Alimentation
N° 42 : Haute-Coiffure
Magasin de robes (?) à devanture moderniste, à l’intérieur duquel une dame se fait manucurer (par une employée du magasin voisin ?)
N° 40 : « Librairie du lycée Molière »

 

Le lycée Molière. Il n’a apparemment pas changé. A-t-il été ravalé ?
Du côté des numéros impairs, longue suite d’immeubles. Au 17, un teinturier, puis un tailleur : il se tient sur le pas de la porte, en bretelles, puis il retourne dans son arrière-boutique qu’éclaire une lampe à abat-jour de métal conique.
Au 23 bis, au 1er étage, on emménage : immense appartement faisant le coin de la rue de l’Assomption et de la rue du Général-Dubail. Les meubles amenés par un grand camion jaune, ont l’air laid.
Du côté des numéros pairs, la plaque de Marietta Martin, jadis apposée sur la façade de la petite maison à l’aspect provincial où elle fut arrêtée (le 8 février 1942), est maintenant fixée sur la façade d’un immeuble à peine achevé.

N° 32 : Villa en renfoncement. Jardinet à graviers. Sur la grille une plaque : Dr Clin, Nez-Gorge-Oreilles (je m’en souviens) et Dr F. Clin Laboratoire d’Analyses Médicales
N° 26 : Une porte de bois cloutée, avec un heurtoir en forme de main. Je m’en souviens très bien. On a ajouté depuis un concierge électronique (une sonnette surmontée d’un micro)
Portes de garages
N° 22 :
Affiches et affichettes sur la palissade du chantier :
Au Ranelagh : Buster Keaton
À la Porte de Saint-Cloud : L’Homme sauvage
Auteuil-bon-cinéma : L’évasion la plus longue
Royal-Passy : La bataille de San Sebastian
Styx : Two faces of Dr. Jekyll
Festival d’Avignon
Étoile : Trois chefs-d’œuvre de Méliès et Les Chasses du Comte Zaroff
Festival Estival de Paris (programme peu exaltant)
Affichettes Viniprix
Etc. (j’en ai marre de noter)
N° 181 : Au 5e étage, des stores orange ;
Au 5e étage, des stores orange ;
au 6e étage, des jardins suspendus (c’est l’appartement qu’occupa jadis Martine Carol)
Rien de changé aux No 14 et 16, où vit toujours Bernard Jaulin.
Du côté des numéros impairs, le couvent n’a rien perdu de son charme ni le jardin de son éclat
Après le N° 14, il y a une boîte aux lettres, dont je n’avais pas le souvenir ; puis une suite d’immeubles que rien ne distingue. Au 4, entreprise « Fontix », Peintures Décoration
N° 5 : Un appartement de quatre pièces est à louer au 1er étage
N° 3 : « G. Francis », café (ex-charbons ?) ; la devanture a été récemment peinte en ocre
N° 1 : « Laiterie parisienne »
Lingerie Gaines
Au coin de la rue Fontaine : Comestibles
N° 2 : Bar-Brasserie-Restaurant. J’aurais bien voulu y boire un café mais l’établissement est fermé du 29 juin au 31 juillet.

   

2. – Mardi 3 novembre 1970, 11 heures 30

Coin impair : Charcuterie cuisine
Traiteur
Comestibles – Cuisine – Rôtisserie
Coin pair : « Le Raynouard »
Restaurant-Brasserie
ANCRE BIÈRE D’ALSACE
Rue La Fontaine, c’est jour de marché. Il y a des travaux de réfection de la chaussée sur toute la rue de Boulainvilliers.
N° 1 : Lingerie – Gaines – Soutiens-gorge
« La Parisienne » (laiterie) dont on remplace la glace de la devanture (miroiterie SCB)
N° 3 : « Thomain », tailleur
« G. Francis », café-bar
N° 4 bis : Entreprise « Fontix Frères », Peinture, Décoration
L’immeuble entre le 4 bis et le 6 avance sur la rue. Sur le mur, Publicité Lorin : Le gendarme se balade. Graffiti Occident
N° 7 : Petit hôtel particulier. On ne voit pas très bien s’il est en réfection ou en démolition
À partir du numéro n° 9, le couvent (des Dames de l’Assomption ?) : merveilleux arbres d’automne
N° 8 : Au deuxième étage, vivent toujours M. et Mme Smith, parents d’un de mes camarades de l’école communale de la rue des Bauches.
De place en place de petits avis ronéotypés

603 08 71
PENDERIE
RANGEMENT
À VOS
MESURES
603 08 71

 

N° 14-16 : Dans la cour, un appareil volumineux qui me semble être un compresseur
N° 15 : À une fenêtre une bonne sœur secoue un chiffon

 

Le ciel est gris, plein de nuages qui se déplacent rapidement. Passent deux camions jaunes du Printemps, portant une publicité : les yeux fermés j’achète tout au Printemps.

N° 18 : Jardins suspendus
N° 20 : Une vieille villa en meulière. Elle est désormais surplombée par un immeuble neuf : Boxes à louer, Chambres de bonnes à louer (il n’y en a plus, l’inscription est barrée). Appartements à vendre.
N° 24, 24 bis, 26, 28 : Des villas, avec des arbres effeuillés.
N° 32 : Dr Clin, ORL ; Dr F. Clin, Analyses
N° 34 : Plaque pour Marietta Martin

Lycée Molière. Sur les murs du lycée il y a un sigle GAR pratiquement effacé et l’inscription

TOUT ÉTAT EST POLICIER

avec le A d’ÉTAT cerclé (Anarchie)

N° 27 : Tailleur Hommes Dames
Blanchisserie
Se succèdent, entre le 40 et le 46 :
« Librairie du Lycée »
« Georgia » (bail à céder)
Coiffure
Épicerie fine « Jean-Michel »
Antiquaire
Coquillages Poissonnerie
Au coin de la rue Davioud, une pharmacie
N° 50 : Une boutique ? d’assurances ?
En face, du côté impair :
Tapissier
Alimentation générale
Droguerie
« Coignet », Boucherie chevaline
Pressing
« Mozart 59 », brasserie
Côté pair :
52 : Villa avec un jardin
54 : « G. Thébault », Boucherie de l’Assomption
56 : « Hôtel du Ranelagh »
« Optique Mozart »
Chaussures (au coin de l’avenue Mozart)
De l’autre côté de l’avenue Mozart, boulangerie « Jouen »
62 : Coiffure
Teinturerie (au coin de l’avenue des Chalets)
66 : Petit immeuble neuf (emplacement de l’ancien cinéma « Le Caméra »)
68 : Immeuble neuf : balcons de verre fumé, fleurs
70 : Immeuble vieillot coincé entre deux neufs
78 : Une maison bâtie en 1900
80 : Une maison bâtie en 1935
67 : Immeuble vieillot
82 : Immeuble vieux
Menuiserie
69-73 : « La Source d’Auteuil », ensemble d’immeubles neufs :
À vendre très beau 5 P sur Jardins
82 : « Au flambeau d’argent »
84 : Société « De Vilers » : Transactions, Immeubles
Au n° 81, il y avait une librairie-papeterie qui a disparu mais la trace de l’enseigne encore visible
Au coin de la rue du Docteur-Blanche, Laverie-Pressing
87 : Maison modern style

3. – Vendredi 31 décembre 1971, vers 13 heures

C’est jour de marché rue La Fontaine. Queue devant la charcuterie.
Panonceau sur la façade du 4 bis :

Prochaine Réalisation
Studios 2 3 4 pièces
sur mesures
Duplex

Entre le 4 et le 6, affiches : Bardot, Les Pétroleuses
Et
« La vie de 200 000 enfants pakistanais est entre vos mains » (j’ai noté : 200 000 enfants, je pense que j’ai oublié un zéro et qu’il s’agit de 2 000 000 d’enfants)

N° 7 : Une petite maison partiellement en réfection. Les grilles sont rouillées.
Dans le parc les arbres sont sans feuilles.
Il y a des moellons, des sacs de plâtre, etc. devant le no 18. À une fenêtre du troisième étage, il y a de la lumière (une des fenêtres correspondant au grand salon de mon oncle et ma tante)
N° 22 : Un immeuble neuf, hideux, riche. Appartement à vendre

 

Il y a peu de gens dans les rues.
Rien à signaler.
Les magasins ferment.
Au n° 50, une agence immobilière.
En face, au n° 33, un magasin qui s’appelle « Esthétichien » (toilettage, etc.)
Impression générale ?
(la rue de l’Assomption m’emmerde).
Passe une belle fille au volant d’une Morris.

 

4. – Lundi 15 mai 1972, vers midi et demie

(après être allé voir ma tante qui habitait alors boulevard Beauséjour)

Des filles sortant du lycée

85 : « Laverie-Pressing de l’Assomption »
82 : Agence immobilière
Orfèvrerie
65 : Parkings à vendre
62 : Pressing
Coiffure dames
60 : Boulangerie
59 : « Mozart 59 », brasserie
58 : « Nano chaussures »
« Optique Mozart »
56 : « Hôtel du Ranelagh »
54 : « Boucherie de l’Assomption »
33 : Pressing – Boucherie chevaline – Droguerie
« Esthétichien » – Tapissier
50 : Agence immobilière
Pharmacie
48 : « L’Océan »
Appartements meublés
46 : Antiquités
44 : Épicerie fine « Jean-Michel »
Coiffure
40 : Librairie Le lycée Molière
27 : Laverie
Tailleur

 

Il y a des fleurs mauves derrière les grilles du lycée
La rue est vide

 

32 : F. Clin et E. Dama, Laboratoire d’Analyses médicales
22 : À VENDRE : 4 pièces au 1er
2 pièces au 2d

On est en train de ravaler l’immeuble qui porte les n° 20 ter, 20 bis et 20
Un paquet de Craven A a été empalé sur la grille du 16
Il y a des fleurs rouges devant la maisonnette au no 11
Le 7 est à l’abandon
Il y a un trou à l’emplacement du 4 bis

PROCHAINE RÉALISATION
STUDIOS 2 3 4 PIÈCES
SUR MESURE

3 : Café bar
Tailleur
« La Parisienne »
Lingerie
Charcuterie
2 : Bar-Brasserie-Restaurant

  

5. – 17 avril 1973, vers midi

Temps gris et doux

1 : Comestibles-Cuisine-Rôtisserie
Lingerie – Gaines – Soutiens-gorge
Laiterie Parisienne
3 : Tailleur
Café-Bar, fermé pour cause de décès
2 : Agence de la Société Générale

 

Entre le 4 et le 6 un chantier avec une grande grue orange Potain et un camion bétonneuse bleu
Deux panneaux publicitaires : Chauffage central au gaz
Le chantier n’est qu’un trou
Sur la façade du n° 6 un graffiti occident (croix celtique)Aux n° 7 et 9, une villa qui semble abandonnée, avec des grilles rouillées fermées par des chaînes

11 : Villa habitée

 

Puis le parc des sœurs, avec des arbres vert tendre
Sur des réverbères, lambeaux d’affiches électorales
La porte du parc des sœurs est entrouverte et laisse voir au loin quelques verdures

18 : Les fenêtres du 3e étage sont fermées
20 ter : Les deux hôtels particuliers semblent avoir été ravalés. Celui de gauche est à vendre (tél. 551 47 41)
De rares voitures passent
22 : Immeuble moderne : 4 pièces et chambres de service à vendre

 

Affichette : Halte à l’agitation gauchiste
Quatre marronniers très feuillus
Sur la façade de l’immeuble qui fait le coin de l’avenue Milleret-de-Brou, on voit de nombreuses fissures, marquées par des petits carreaux de plâtre portant la date : 15 11 72 (l’immeuble est relativement neuf)

27 : Tailleur
Blanchisserie (qui semble définitivement fermée)

 

Sigles Occident

Au 40, librairie ; au 44, coiffure et épicerie fine « Jean-Michel » ; au 46, antiquaire ; au 48, un magasin éventré ; au 50, après la rue Davioud, une pharmacie et une agence immobilière ; au 52, une villa ; au 54, une boucherie ; au 56, « Hôtel du Ranelagh » ; au 58, « Optique Mozart » et un magasin de chaussures qui fait l’angle de l’avenue Mozart.
Au 33, un tapissier, « Esthétichien », une droguerie ; au 35, boucherie chevaline, teinturerie ; au 59, bar « Mozart 59 ».
Après l’avenue Mozart : au 62, boulangerie « Jouen », coiffure, « CELPA » : deux bureaux protégés par des jalousies verticales ; puis une succession d’immeubles neufs ; au 55-61 : studios à louer, garages disponibles ; au 82, « Au flambeau d’argent » ; au 84, Société « De Vilers », immobilier.
71-73 : Immeuble récent. Bruits de postes de radio et d’une partie de ping-pong. Près du trottoir, une sorte de présentoir portant des publicités pour un livre de Jacques Souchère L’île aux requins, édité par l’auteur. Il semble qu’il s’agisse d’une histoire de scandale immobilier.
75 : Un chantier : « La Résidence du Valois » Appeler Pierre Baton
Publicité pour « Super-Italie »
83 : Blanchisserie
Au 94, tous les volets sont en train d’être repeints
Au 89, il y a des plates-bandes de tulipes devant l’immeuble.

 

6. – 28 octobre 1974 (lundi), vers trois heures de l’après-midi

J’ai voulu aller voir ma tante, mais elle n’était pas chez elle ; j’ai appris quelques jours plus tard qu’il avait fallu de nouveau l’hospitaliser.
J’ai descendu la rue de l’Assomption. Au croisement de la rue du Docteur-Blanche, il y a la maison de santé Mozart. À la fenêtre du second, j’ai vu une jeune femme en robe de chambre qui tenait à la main un bouquet de fleurs encore enveloppé de son papier cristal ; près d’elle se tenait sa souriante visiteuse.
Un peu plus bas il y a un immeuble flambant neuf. Il s’appelle « Les Résidences du Valois ». Il reste à vendre un studio, quelques chambres individuelles, et un local commercial de 115 m2.
J’ai acheté le carnet (Rhodia n° 16, 4,10 F), sur lequel j’ai écrit ces notes, dans la librairie-papeterie qui se trouve en face de l’École d’application de la R.A.T.P. et je me suis installé au café « Le Mozart 59 » au coin de la rue de l’Assomption et de l’avenue Mozart. (Je crois que c’est le seul café de toute la rue depuis que celui qu’il y avait au no 2 est devenu une banque ; il y en a peut-être un autre, tout petit, plutôt genre bougnat, au 5 ou au 7.) J’ai commandé un quart Vichy et un express (3,70 F, service compris). J’ai avalé de travers une gorgée de café et j’ai été à deux doigts de vomir.
Il fait beau. Sec. Froid. Du soleil. De ma place, je vois un magasin de chaussures, un magasin d’optique (« Optique Mozart », 58) et l’« Hôtel du Ranelagh », au 56, avec ses trois panonceaux : un en forme de losange (Ici vous serez satisfait), un octogonal bleu (Hôtel de Tourisme, H, une étoile, Commissariat Général au Tourisme) et un rectangulaire, rouge et bleu sur fond blanc : INI (Itinéraires Nationaux et Internationaux) – Recommandé.

Même en me penchant je ne vois pas la boucherie que je sais être au n° 54.
Avenue Mozart, passe l’autobus 22 qui va à l’Opéra.
Rue de l’Assomption, passe le 52 qui va à l’Opéra.
Il y a un feu au croisement de l’avenue Mozart et de la rue de l’Assomption.
Des gens passent, des voitures. Un homme en imperméable et casquette regarde la vitrine de l’opticien.
Des apprentis de la R.A.T.P. uniformément vêtus de survêtements bleus sortent de l’école d’apprentissage et remontent la rue de l’Assomption.

Vers quatre heures moins le quart je suis sorti et j’ai continué à noter en marchant :

Impairs : Teinturerie, boucherie chevaline, droguerie, brocante, antiquaire-décorateur
Pairs : Production de films (n° 48), antiquaire, épicerie fine, coiffure, « Librairie du Lycée »
Impairs : Tailleur hommes dames (n° 27)
N° 21 : Plaques de récentes fissures (15-11-72)
Sigles anarchistes : un A majuscule cerclé
N° 22 : Immeuble neuf
N° 20 : Un trou
Des publicités :
La nouvelle Volvo
Sept ans de réflexion
Du nouveau à Rivoli : C & A
On va construire dans ce trou « Les Allées de Boulainvilliers » (14 appartements à l’automne 1975). Des papiers peints, des peintures et des moulures sont encore visibles sur le mur de l’immeuble voisin (n° 18)
N° 22 : Au 18, les volets du 3e étage sont fermés
Les arbres du jardin du couvent sont encore verts. La porte du parc est ouverte
(Passe une) vieille Citroën à l’immatriculation déjà ancienne (BD 75)
En face du 12, sigle monarchiste sur un mur.
En face du 6, on a détruit l’une des deux petites villas (la plus petite, abandonnée, me semble-t-il, depuis longtemps) ; il y a une palissade verte à la place, sur laquelle est écrit (à la bombe) : Brasillach, précédé d’une croix gammée plutôt mal dessinée.
L’immeuble du n° 5 a été construit par Gélis Didot en 1893.
Entre le 4 et le 6, un immeuble neuf. Il reste à vendre un appartement de 3/4 p + Duplex et un local commercial de 77 m2 + 23 m2 réserve.
Affiches : 27ème Salon de l’Enfance
Pleyel : Vichnevskaya Rostropovitch
Champs-Élysées : Henryk Szeryng
N° 3 : Café bar fermé, tailleur
N° 2 : Société Générale
N° 1 : « La Parisienne », Lingerie, Comestibles cuisine.
Je m’arrête au café « Le Boulainvilliers ». Il est quatre heures et quart. J’ai froid aux mains.

 

7. – 11 mars 1975, vers onze heures et demie

La rue est en sens interdit (en partant du bas).
Il y a un feu rouge au coin de la rue de l’Assomption et de la rue de Boulainvilliers.
Au 2, Société Générale ; au 1, charcuterie cuisine, lingerie, laiterie « La Parisienne » ; au 3, un tailleur, un café-bar (fermé). Une rolls-royce est garée en bas de la rue. Une autre rolls-royce passe. À l’emplacement du 4 ou 4 bis, il y a un immeuble neuf. Des pieux métalliques sont installés sur le trottoir qui déborde un peu sur la chaussée. Reste à vendre des appartements et des locaux commerciaux. Affiches publicitaires (publicité Lorin) pour Maxime Le Forestier au Palais des Congrès et pour le Festival International du Son. Six petites affichettes pour l’Esmeralda Saloon.
Devant le 7, une palissade verte. La villa a été détruite. Sur la palissade, programme du cinéma « Les 3 Murats » :
Thomas
Scènes de la vie conjugale
Le jeu avec le feu
Affiches pour Fiesta de Francis Lopez et pour l’intégrale Bach violon-clavecin.
Sur le mur du couvent, graffiti : Vive le Roi et fleur de Lys.
Le 20 est un grand chantier (« Les Allées de Boulainvilliers »).
Affiches pour des conférences sur la Grèce, la Turquie, Inde et Népal.
Au 22, 4/5 pièces à vendre au 6e étage.
Au 24, des marronniers en train de s’ouvrir, un grand aucuba.
Sur le mur de l’immeuble du n° 21 un graffiti : Muriel je vais t’enculer.
Entre le 28 et le 30, un panneau sur lequel est inscrit

P
Parc
Pont de Grenelle

Au n° 27, une boutique de tailleur (ouvre à 14 heures). L’huisserie a été repeinte au minium.
Au 40, « Librairie du Lycée », coiffure « Christina » ; 44 : épicerie fine « Jean Michel » ; 46 : antiquaires ; 48 : « GCA Films » ; 50 : « La Pastorale », disques.
En face. Au 33, tapisserie ; puis : « Pucelle », brocante ; droguerie ; boucherie chevaline ; teinturerie ; café « Mozart 59 ».
Au 50 : « La Milodière » Immobilier ; 54 : boucherie ; 56 : Hôtel ; 58 : Optique et chaussures.
Je tourne dans l’avenue Mozart pour aller reprendre le métro à la station Ranelagh.

NOTES

1 L’immeuble du n° 18 est celui où vivaient mon oncle et ma tante et où je vécus moi-même complètement ou partiellement (étant, pendant l’année scolaire, interne au Collège Geoffroy-Saint-Hilaire à Étampes, de 1946 à 1956). (N. de l’a.)