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68Gaîté
70Junot

69. Mabillon, souvenir 3

novembre 1971

Lieux
Novembre 71
Mabillon, souvenir

53 rue de Seine
3 XI 71
vers 16 h

Il est, je crois, relativement rare que j’écrive à la main mes lieux-souvenirs. Je préfère le plus souvent la machine à écrire, comme s’il fallait que ça aille plus vite.

Aujourd’hui, l’envie d’écrire à la main (comme si j’écrivais à quelqu’un).

Avant même tout souvenir du carrefour, celui du nom, découvert dans les années 56 (?) en paléographie (discipline dont je [ne] découvris la nécessité pour mes examens d’histoire que beaucoup trop tard) : Dom Mabillon, auteur de volumineux dictionnaires que je crois n’avoir jamais su consulter. Le seul texte que j’aie jamais appris commençant par : « Connue chose soit à tous ceux qui ces lettres voiront et oiront que li ceusses de Menoalville doit à ceusses d’Autrans (?) 3 sols de ? à rendre chascun au ci-dit terme. Et pour que ce soit chose estaule… C’escrit fut fait en l’an que li melior connoit pour1 ? »

Autres souvenirs, du lieu cette fois : y avoir souvent traîné ces temps derniers, m’y être fait larguer du taxi ramenant Pau[lette] chez elle, l’avoir traversé en allant « Aux Trois Canettes », ou au « Birdland », ou au « Bedford Arms », ou chez Dom[inique] P[aul]-B[oncour]2.

Bien avant : y avoir pris un premier pot avec Pau[lette] le jour de notre « rencontre » (à « La Rhumerie » : nous sommes partis sans payer3).

Un autre pot à « La Rhumerie » un soir : j’habitais alors rue de l’Échaudé, fin 68. S[uzanne] venait de partir en Égypte. J’achevai une liaison trop rapide et gâchée avec M[arie]-N[oëlle] T[hibault]4. Nous dînâmes en bas mais elle ne voulut pas rester avec moi. Désespéré (sic) j’appelai J[acques] L[ederer] qui vint prendre un pot à « La Rhumerie » avec moi (c’est en fait M[ireille] L[ederer] que j’avais appelée !).

Souvenir de la rue de l’Échaudé : rien.

S[uzanne] dans la rue : rien.

S[uzanne] au coin Seine-Échaudé : il y a 20 semaines, ou 21.

Ne plus le savoir.

Des gens dans des cafés. Un jour, en mai, grande chaleur je me souviens, j’ai rencontré par hasard Thérèse. C’est le jour de ma première séance chez J[ean]-B[ertrand] P[ontalis]5 (un entretien le matin, la première séance le soir même). Nous avons pris un café à « L’Aquarium » (ce n’est pas le nom du café6) ; à côté de nous se trouvait un écrivain du nom de, je crois, Rafaël Pividal7, rencontré l’hiver chez une peintresse folle (ex-amie de Pichette8, son nom m’échappe). Réception chez elle : S[uzanne], Maurice Pons, une flopée de gens (cons) canadiens – l’idem Pividal revu rue de Buci, un matin, récemment.

Et voilà pour Mabillon 71.

 

 

 

Document évoqué dans le texte 69.

NOTES

1 Voir le texte 14, n. 26.

2 Dominique Paul-Boncour : voir le texte 67, n. 6.

3 Voir les textes 14 et 47.

4 Voir les textes 14 et 47 ; dans ce dernier texte, Suzanne Lipinska est « aux sports d’hiver » ; « en bas », dans la phrase suivante, désigne le restaurant qui se situe au rez-de-chaussée de l’immeuble (voir le texte 14, n. 15).

5 Suite à sa tentative de suicide en mars, Perec entame de nouveau une psychanalyse, cette fois-ci avec Jean-Bertrand Pontalis (elle durera de début mai 1971 à juin 1975). Dans ses agendas, Perec note ses rendez-vous et qualifie souvent la séance d’un ou plusieurs termes appréciatifs ou descriptifs. Il tirera de cette expérience le texte « Les lieux d’une ruse » (première publication dans le n° 1 de Cause commune en 1977 ; repris dans PC, p. 59-72) où il parle notamment de la « peur d’oublier », de la « panique de perdre [ses] traces » et d’une « fureur de conserver et de classer » dont Lieux est l’une des expressions. De son côté, Pontalis relatera dans divers livres et sous anonymat certains aspects de l’analyse de Perec (par exemple dans L’Amour des commencements, où Perec apparaît sous le nom de Pierre G. – Paris, Gallimard, 1986 ; rééd. coll. « Folio », 1994, p. 169-171).

6 Voir le texte 14, n. 17.

7 Écrivain et philosophe.

8 Henri Pichette, écrivain, poète et dramaturge, était un résident permanent du Moulin d’Andé où il écrivit ses Épiphanies Quant à son amie peintre, il s’agit de Marcella Marsais, canadienne (tout comme l’était également en partie Pichette dont le père était d’origine québécoise), qui résidait alors en France et fréquentait beaucoup le Moulin.

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