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65. Choiseul, souvenir 3

septembre 1971

Lieux
Septembre 71
Passage Choiseul (souvenirs)

Rue de Seine
Le 20.9.71
16 h 45 (ou peu s’en faut)

Le passage Choiseul occupe une place un peu à part : ce n’est pas un endroit où j’ai vécu ; c’est seulement un endroit où je suis passé ; plus encore, il n’est pas là en tant que tel (porteur de souvenirs spécifiques) mais comme symbole, ou représentant de tous les passages (Verdeau, des Panoramas, Lido, etc.) : à la limite, le signe de la promenade, de la flânerie dans Paris.

Le passage lui-même ne m’est pas vraiment familier. P[aulette] a raison de dire que c’est un lieu qui lui appartient ; je l’ai choisi parce qu’au moment où j’ai commencé ces Lieux (janvier 69) j’accompagnais souvent P[aulette] à la BN1 et nous ne manquions jamais de passer par le passage Choiseul (généralement encore à peu près désert, les boutiques pas encore ouvertes) ; depuis, je n’y suis presque jamais retourné, si ce n’est (évidemment) pour le décrire une fois par an.

Il me semble qu’il a changé : beaucoup de boutiques de mode ; ou plutôt : il y a toujours eu des boutiques de mode dans le passage Choiseul, mais ce sont les boutiques qui ont changé ; leur aspect extérieur et intérieur ; leurs tenanciers (rajeunis) et leur clientèle (dont je fais indirectement partie, P[aulette] m’achetant parfois une chemise indienne ou népalaise2).

J’oublie régulièrement le nom du passage (Verdeau ? des Panoramas ?) qui va de la rue Drouot aux Grands Boulevards (interrompu par la rue Montmartre ?) et où se trouve une très grande librairie d’occasion3.

Le passage que j’ai le mieux connu, sans doute, est le Lido (mais c’est très récemment que j’ai commencé à le considérer comme un passage comme les autres, en fait il est beaucoup trop large), où je suis très régulièrement allé, sans doute le samedi soir, en compagnie de Michel R[igout], au tout début des années 50. Nous partions de la rue de l’Assomption après le dîner, remontions l’avenue Mozart, suivions la rue de Passy, montions place du Trocadéro, prenions l’avenue Kléber puis les Champs-Élysées. Arrivés au Lido, nous nous offrions un café liégeois, puis faisions le trajet en sens inverse. Je ne crois pas que nous allions au cinéma sur les Champs. Trop fauchés certainement. Nous allions à « Auteuil Bon Cinéma » (cinéma de l’Orphelinat d’Auteuil) ou au « Caméra » ou au « Passy »4 (il y avait trois cinémas rue de Passy à cette époque ; je crois qu’il n’en reste plus que deux, dont un, devenu un temps très art-et-essai-américanophile-« macmahonien », que j’ai fréquenté assidûment, mais beaucoup plus tard (en 56, avant sa métamorphose, j’y ai vu O Cangaceiro 5 : c’était mon quatrième film de la journée ! – c’est vers 61-62 qu’ils se sont mis à y passer des bons westerns etc.).

Les passages sont évidemment des lieux cinématographiques (Lola 6).

NOTES

1 Il s’agit du site Richelieu de la Bibliothèque nationale où Paulette Perec est alors conservatrice (voir le texte 22, n. 2).

2 Il y a quelques photos de Perec portant ce genre de vêtement alors à la mode (voir par exemple dans Hans Hartje et Jacques Neefs, Georges Perec. Images, Paris, Seuil, 1993, p. 130).

3 Tout comme dans le texte 22 (voir n. 3), la topographie perecquienne des passages parisiens est assez confuse car cette description ne correspond à rien ; sans doute s’agit-il malgré tout du passage des Panoramas (mais qui, débouchant sur le boulevard Montmartre, se prolonge de l’autre côté par le passage Jouffroy) car dans le texte 109, c’est bien là que Perec situe « une grande librairie d’occasion ».

4 Pour le « Caméra », voir le texte 3, n. 3 ; pour le « Passy », voir le texte 12, n. 17.

5 Voir le texte 17, n. 50.

6 Voir le texte 22, n. 4.

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